• Prémices à une Révolution

    Une révolution à venir ? À défaut d’en être proches, nous en sommes de moins en moins loin. Surtout quant tout le monde semble s’y mettre…

    Encore un week-end chaud pour le gouvernement. On reprochait naguère aux Français de se défiler devant leurs responsabilités civiques et voilà qu’ils défilent en masse. Et des mois que ça dure, depuis les millions de Français ayant arpenté le pavé à l’occasion de la Manif pour tous.

    Fait notoire, ce gouvernement aura réussi l’exploit de faire descendre dans la rue des gens ayant plus l’habitude de l’arpenter pour faire leurs courses que d’y brandir des banderoles. « La France bien élevée », pour reprendre l’heureuse expression de notre consœur Gabrielle Cluzel. Ce samedi 23 novembre, ils étaient à nouveau près de 6.000 dans la seule ville de Nantes, alors que « le 18 avril 2013, à peine plus d’un millier de manifestants avaient défilé », reconnaît Libération.

    Autre fait notoire, ces Français protestant contre la « familliophobie »gouvernementale arboraient des bonnets roses, en référence aux désormais fameux bonnets rouges, ces Bretons qui, eux non plus, n’ont pas l’habitude d’encombrer la chaussée pour un oui ou pour un non. En face du cortège mené par Ludovine de la Rochère, nouvelle égérie de la Manif pour tous, 80 petits contre-manifestants…

    Pourtant, Frigide Barjot, initiatrice historique du mouvement, appelait ses partisans, réunis au sein de son mouvement « dissident », l’Avenir pour tous, à ne pas se rendre à cette manifestation, histoire « d’éviter tout nouveau dérapage et maintenir la paix civile »… Bref, des extrémistes. Étrange parallèle que celui-ci. Bonnet rose et rose bonnet ? Une base qui échappe au sommet de la pyramide ? Les jambes contre la tête ? Vieille et éternelle histoire…

    Il est vrai que ce week-end, nos Bretons à bonnets rouges ont dû surmonter semblable fracture. Ainsi, un collectif d’autres Armoricains, certes en colère, manifestaient, tous syndicats confondus, contre un autre « extrémisme », dénoncé comme « poujadiste ». Inutile de préciser que ce défilé un poil plus« officiel » n’a pas fait recette. Logique. Les revendications des Bonnets rouges – d’ailleurs tenues pour soutien au patronat par un Jean-Luc Mélenchon décidément toujours en retard d’une guerre – rassemblent depuis des semaines un agrégat à la fois social et local ; enraciné, dirons-nous. Le spectacle de salariés et de petits patrons bras dessus, bras dessous, voilà qui doit sûrement désarçonner un ancien trotskiste doublé d’un révolutionnaire ayant fait sa pelote dans les salons du Sénat…

    Mais que veulent ces gens qui, à l’instar des manifestants pour tous, si ce n’est« vivre, décider et travailler au pays », slogan échappant à la fois à la logique du néo-libéralisme financier et encore plus à celle d’un socialisme ayant depuis belle lurette rallié l’économie de marché ? Question qui intrigue les syndicats estampillés MEDEF, à en croire leurs slogans : « Zéro chômage ! »,« Interdiction des licenciements ! »« Partage du travail entre tous ! » Bravo. Quelle imagination ! Tant d’années de pouvoir pour imaginer de tels poèmes d’école primaire…

    En attendant, la révolte continue de gronder. Incontrôlable, car voilà que les descendants putatifs de Pierre Poujade et de Gérard Nicou s’y mettent à leur tour. « Sacrifié mais pas résigné. » Quèsaco ? Simplement des affichettes fleurissant chaque jour davantage sur les vitrines de nos petits commerçants. Ceux qui font vivre les centres-villes, mais aussi nos bourgs et villages.

    Pour vous faire une idée, donnez-vous la peine de rendre visite à leur site,sauvonslaproximite.com. Là où l’on rappelle que 1.300.000 artisans et patrons de PMI et de PME assurent 37 % du tissu entrepreneurial français. Et qu’ils n’en peuvent plus. Et qu’ils en ont marre. Simple exemple : « Les normes et l’augmentation des qualifications s’ajoutent à tout le reste. Par exemple, un plombier doit avoir 8 qualifications différentes pour travailler, renouvelables tous les 18 mois, avec des formations payantes. »

    Résultat, les créateurs de ce collectif, dont on ne sait encore quelle couleur de bonnet ils porteront bientôt, affirment : « On ne pourra plus tenir longtemps et nous devrons fermer la porte, avec des licenciements de personnel importants. Cela entrainera alors un écroulement du tissu économique en ville, mais surtout en milieu rural. »

    Des émeutes ? Peut-être. Une révolution à venir ? À défaut d’en être proches, nous en sommes de moins en moins loin. Surtout quant tout le monde semble s’y mettre…


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