Les Sages vont se prononcer sur le caractère public des parrainages accordés aux candidats à la présidentielle. Et ce, avant le 22 février, a annoncé jeudi le Conseil constitutionnel. En effet, la QPC (question prioritaire de constitutionnalité, Ndlr), déposée par le Front national contestant l'obligation de rendre public les parrainages d'élus a été transmise aux Sages par le Conseil d'État . "J'ai envie de faire confiance au Conseil constitutionnel, même si c'est une instance qui est tout de même très politique", a réagi Marine Le Pen pour l'AFP, elle qui a fait de l'anonymat des parrainages son combat des dernières semaines, alors qu'elle peine à atteindre la barre fatidique des 500 signatures. "Je crois que le Conseil constitutionnel [composé notamment des deux anciens présidents de la République, Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing] sera capable de passer outre l'aspect politique de certains de ses membres", a-t-elle toutefois ajouté.
Selon un sondage Ifop réalisé pour le compte de l'Association des Jeunes de France*, 68% des personnes interrogées sont, comme la présidente du FN, favorables à l'anonymat des élus qui parrainent un candidat. Un chiffre qui atteint les 83% chez les sympathisants du Front national. Mais sympathisants de gauche comme de droite sont également favorables à cette mesure (63% et 68%).
Un double parrainage?
Toujours selon cette étude, 47% des sondés sont favorables à l'instauration d'une loi permettant aux maires d'apporter leur soutien à plusieurs candidats pour la même élection. Une proposition notamment portée par l'UMP Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France. S'il est désormais favorable à l'anonymat des parrainages - contrairement à 2007-, l'élu "propose que les maires aient la possibilité d’accorder une double signature aux candidats : l’une de conviction, l’autre républicaine, qui resteraient publiques".
La règle des 500 signatures publiques renvoie à des enjeux démocratiques, notamment si un candidat représentant près de 20% des suffrages se retrouve exclu de la course. Ainsi, 60% des sondés estiment qu'elle empêche le bon fonctionnement démocratique, et 59% qu'elle est un frein au renouvellement de la classe politique. En revanche, 78% des personnes interrogées jugent la règle des parrainages nécessaires car cela "évite d'avoir des candidats peu sérieux à la présidentielle".
"Les préserver de toute pression"
Jacques Pélissard la défend également, estimant que le parrainage permet aux élus d'exercer "un droit essentiel au bon fonctionnement et au pluralisme de notre démocratie". Et de souligner la nécessité de "les préserver de toute pression". Car les risques existent. En effet, la plupart des 47 522 élus - maires, députés, sénateurs, parlementaires européens, conseillers régionaux et généraux - habilités à parrainer un candidat sont liés à un parti politique majoritaire et réservent leur soutien au candidat désigné par celui-ci.
Certains se montrent frileux dans leur soutiens par peur de la mauvaise publicité, la presse régionale aimant à lister les parrainages attribués par les élus locaux. Enfin, dernier frein au choix des élus, l'intercommunalité, qui les conduit souvent à donner leur signature au candidat choisi par le président de la communauté de communes, qui lui aussi est généralement affilié à un grand parti.