• Le mal du pays Dominique Jamet

    Durant cet été, Boulevard Voltaire veut mettre à l’honneur des livres qui, nous semble-t-il, sont remarquables pour le constat qu’ils dressent ou les questions qu’ils posent. Des livres dont nous vous avons déjà parlé, pour la plupart.

    Nous vous proposerons donc, chaque semaine, du lundi au vendredi, cinq extraits d’un de ces ouvrages. Et pour poursuivre ce voyage dans les meilleurs des essais de ces derniers mois, des morceaux choisis du livre de Dominique Jamet,Le Mal du Pays (Editions de La Différence)

    L’immigration, en 2013, est-elle une chance pour la France ? La France de 2013 est-elle une chance pour les immigrés ? À ces deux questions, il faut répondre franchement : non.

    Un pays prospère, dynamique, attractif, sûr de lui, peut sans danger et même doit ouvrir en grand ses portes. Et il le fait, bien entendu : la France des Trente Glorieuses, les Etats-Unis hier et demain, l’Allemagne, le Canada, l’Australie aujourd’hui. Mais comment un pays qui se paupérise, qui se fragilise, qui se désindustrialise et qui se radicalise, un pays qui ne parvient ni à employer ni à loger ni à éduquer ni à soigner ni à entretenir ses habitants serait-il en état d’accueillir et de traiter dignement de nouveaux immigrants au moment où notre capacité d’intégration culturelle et notre offre économique, sociale, éducative, locative sont également en cause ? La France n’a présentement à offrir à la masse de travailleurs non qualifiés qui se presse aux portes de l’espace Schengen que de venir grossir le nombre des bouches inutiles ou, dans le meilleur cas, celui des concurrents déloyaux prêts à accepter n’importe quel emploi pour une bouchée de pain.

    La précarité, la prostitution, la mendicité, l’assistance publique, les trafics en tout genre, la délinquance, les centres de rétention, l’asile de nuit, les ponts, les bouches de chaleur, le talus du boulevard périphérique, certes la gamme est étendue, mais la musique est toujours la même, celle de la déception, de l’aigreur, de la déchéance, et elle a pour corollaire l’exaspération de ceux qu’angoisse, qu’irrite ou qu’indigne le spectacle du malheur d’autrui. Peut-on être accueillant quand on ne peut déjà pas fermer les deux bouts, généreux quand on est endetté, charitable quand on est dans la mouise, hospitalier quand on est SDF ?
    (…)

    La tâche qui nous incombe à domicile est immense : rétablir nos finances, apurer notre dette, réindustrialiser la France, loger les sans-logis, employer les sans-emploi, intégrer tous ceux qui, en 2013 comme en 1958, peuvent douter d’avoir une patrie, ou que cette patrie soit la France, reconquérir les cités tombées en déshérence, rétablir l’ordre public, réinventer l’école. Dans les circonstances présentes, il faut avoir le triste courage de fermer le robinet de l’immigration subie, de l’immigration indésirable. On ne charge pas une barque qui fait eau de toutes parts. J’ai lu bien des récits du naufrage du Titanic. Je ne me souviens pas que, dans aucun d’entre eux, après avoir heurté l’iceberg fatal, le paquebot ait embarqué de nouveaux passagers.


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