• le 25 octobre 732

    Touchez pas à notre Histoire ! Vive Charles Martel !

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    La guerre des manuels scolaires est ouverte depuis longtemps. Exit Clovis, Louis XIV ou Napoléon. Mieux vaut étudier l’empire dogon au Mali ou les mouvements de population en Chine. Un forum de jeux vidéo s’interrogeait récemment sur les probabilités de voir Nabila entrer un jour dans les manuels scolaires. On rêve ! Mais en ce qui concerne les anciens héros « réac » des manuels, la sentence tombe telle un couperet. Tous au placard ! Et qu’on ne parle surtout pas de Charles Martel, remplacé par des joueurs de foot et des rappeurs dans l’inconscient collectif des futures élites de la nation.

    L’image ne manque pas de panache. Charles, sur son cheval cabré, brandissant son arme, une hache ou un martel. Autour de lui, ses hommes affrontent leurs ennemis. La scène est héroïque et l’issue du combat paraît incertaine. Et pourtant, la victoire est au bout de la lutte.

    La bataille de Poitiers que l’on date souvent du 25 octobre 732 a longtemps illustré les livres des écoliers. Le maire du palais Charles Martel et Eudes, le duc d’Aquitaine, remportent une victoire décisive contre le califat omeyyade dont le chef périt lors du combat. Pour plusieurs générations, la victoire de Charles incarna celle de la chrétienté contre l’islam. Au fil des siècles, la bataille accède au rang de symbole dans l’affrontement de deux mondes, de deux civilisations et de deux dieux.

    Dès la fin du XIXe siècle, des voix s’élèvent pour mettre en doute l’importance de la bataille. Poitiers n’aurait été que la conséquence d’une razzia des Arabes qui n’avaient d’autre ambition que de venir piller les richesses franques. Certains y voient même la victoire de la barbarie des Francs opposée à la civilisation musulmane. Il n’en reste pas moins que les Omeyyades sont en pleine expansion à l’époque. Un temps, leur poussée paraît même irréversible. La péninsule Ibérique, la Sicile, la Sardaigne tombent dans l’escarcelle au croissant… un monde est sur le point de basculer.

    Par-delà tous les doutes légitimes liés à l’importance de la bataille, au lieu précis de son déroulement ou aux motivations profondes du combat, Poitiers 732 n’en reste pas moins un symbole fondateur de l’Histoire de France. Il a longtemps enseigné aux écoliers le rôle fondateur de la lutte contre les musulmans dans la définition de l’Europe et du futur royaume de France. Il a aussi replacé au cœur de l’Histoire le personnage de Charles Martel, maire du palais et grand-père de Charlemagne.

    Ces dernières années, l’évocation de la bataille de Poitiers fait de plus en plus débat. Elle apparaît même comme l’une des images d’Épinal de l’Histoire de France les plus sulfureuses. Revendiquée par les groupes nationalistes et identitaires, elle échappe peu à peu à la sphère consensuelle à laquelle elle appartenait il n’y a pas si longtemps encore. Jugée trop politiquement incorrecte, elle déserte même les livres d’histoire. Quitte à provoquer une amnésie historique pour servir la nouvelle doxa.

    Patrick Weber, le 23 mars 2013

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