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    Présidentielle : Cette exception française qui « emmerde » Cohn-Bendit et les siens

    L’ineffable Daniel Cohn Bendit, parlant de la présidentielle, a fait savoir à la presse qu’il « s’emmerdait » dans cette campagne. On pourrait lui faire remarquer que, citoyen allemand, il n’est pas obligé de s’intéresser à l’élection d’un pays voisin, s’il ne la trouve pas à la hauteur de ses attentes. On pourrait ajouter que décidément, ce député européen a un problème avec le suffrage universel. Nul n’a oublié son célèbre « Élections piège à cons », de 1968, et encore moins son hystérie, au lendemain de la votation helvétique contre les minarets, où, du haut de sa suffisance, il sommait les Suisses de revoter jusqu’à ce qu’ils redeviennent politiquement corrects. Ce grand donneur de leçons n’a pas davantage été ému quand son copain Sarkozy et son complice Hollande, main dans la main, ont violé de suffrage du peuple de France, en ratifiant le traité de Lisbonne, refusé par 55 % des nôtres. Il préfère ces brillants exemples à un Vaklav Kraus, président tchèque, qui qu’il se permet de tancer parce qu’il ose comparer l’Union européenne à l’Union soviétique. Il ne le dérange pas davantage que Bruxelles somme les peuples, irlandais ou danois, quand ils ont le malheur de mal voter, de retourner aux urnes au plus vite !

    En fait, ce qui « emmerde » Cohn-Bendit est cette exception française : que le peuple vote pour élire son président, et qu’elle soit encore l’élection reine, capable de faire voter plus de 80 % d’inscrits en 2007. Une élection nationale est une hérésie, pour celui qui rêve d’une Europe fédérale, d’un gouvernement européen, d’élections européennes, et donc de la fin des États-nations. Il sait que 80 % des lois sont votées à Bruxelles, et que l’UMP et le PS les ratifient ensemble dans 97 % de cas. Il ne voit donc pas l’intérêt de cette élection présidentielle, qui pourrait faire croire aux Français qu’ils ont encore les moyens d’élire des candidats capables de faire vraiment une autre politique que celle que les élites auto-proclamées ont décidé.

    Ce qui « emmerde » un Cohn Bendit, c’est que nous autres Français, nous tenons majoritairement à cette élection, et que, tous les cinq ans, nous en fassions l’événement phare de la vie politique de notre pays. Nous n’avons pas envie, n’en déplaise à ceux qui militent pour une sixième République soi-disant parlementaire, que le Président de la République devienne une reine d’Angleterre, qui ne serait plus élu par les Français, mais par le Parlement. Nous n’avons pas envie de ce modèle où, pour introduire l’indispensable proportionnelle, on devrait voter pour des listes de députés, comme lors des élections européennes, sans que, individuellement, les futurs élus n’aient à mouiller la chemise, dans leur circonscription, pour se faire élire individuellement, comme les dix candidats à la présidentielle doivent le faire.

    Ce qui « emmerde » un Cohn-Bendit est que, durant cette campagne, on puisse parler de sujets qu’il méprise, comme l’immigration, l’insécurité, le halal, l’identité nationale, l’islamisation de nos pays, et autres thèmes dans lesquels il ne voit, avec mépris, que « lepénisation des esprits ». Mais ce qui « emmerde » aussi l’arrogant député européen est qu’un Mélenchon, qu’il méprise, puisse contester, à gauche, le centrisme mou d’un Hollande et de ses copains verts.

    Eh bien que Cohn-Bendit sache que nous ne nous sommes pas du tout « emmerdés », parce que nombre de candidats incarnent parfaitement le courant politique qu’ils représentent, et une richesse maintenue de la vie politique française, malgré la dictature du politiquement correct. Ce qui se passe en France est autre chose que le simple choix entre démocrates et républicains aux États-Unis, ou entre travaillistes et conservateurs en Grande-Bretagne. Cela confirme qu’on est loin encore du rêve de Cohn-Bendit, Hollande ou Sarkozy, un bipartisme où l’on aurait le choix qu’entre l’UMP et le Parti socialiste, entre Dupont et Dupond.

    Ainsi, on peut ne pas aimer Sarkozy, son côté bonimenteur cynique, mais nul ne peut lui contester que, quand il parle, il a un autre souffle qu’un Juppé ou qu’un Fillon. On peut ne pas aimer Mélenchon, encore moins les insultes qu’il profère et ses appels à la violence contre certains adversaires, mais nul ne peut contester que, dans un meeting, c’est quand même autre chose que Pierre Laurent, le secrétaire du PCF, son principal appui. On peut ne pas aimer Marine Le Pen, ne pas partager certains aspects de son programme, mais nul ne peut contester qu’elle amène un autre souffle qu’un Bruno Gollnisch. On peut ne pas aimer Éva Joly, et son mépris de la France et de sa langue, mais nul ne peut contester que, par sa personnalité caricaturale, elle a fait rire notre pays, montrant ce que sont vraiment les Verts, ce que n’aurait pas fait un Hulot. On peut ne pas aimer François Hollande, le trouver bien falot et mou du genou, mais n’incarne-t-il remarquablement une social-démocratie embourgeoisée obligée de faire le grand écart pour se dire encore de gauche, tout en rassurant le centre et la finance ? On peut ne pas aimer Bayrou, mais ne symbolise-t-il pas, parfois avec panache, le côté girouette du centre, capable de se vendre au plus offrant pour quelques maroquins ministériels ?

    Le gaulliste social Nicolas Dupont-Aignan ose déranger la bien-pensance, lui aussi, en réclamant le retour de la souveraineté de la France, comme la présidente du FN, dont il cherche pourtant à se démarquer à tout prix. Les deux trotskistes, Poutou et Arthaud, justifient, comme depuis plus de 40 ans, leur existence séparée, alors qu’ils sont d’accord à 98 % pour faire la révolution en contournant la phase démocratique. Quant à Cheminade, nous avouons avoir du mal à saisir son discours, ni à comprendre comment un candidat sans militant peut recueillir 500 signatures, quand une Marine Le Pen manque de passer à la trappe, ou qu’une Corinne Lepage y passe.

    Ces dix candidats incarnent la diversité politique de la France. Il demeure malgré tout une question fondamentale : quel est, au-delà de leur talent, le vrai clivage entre eux ? Oppose-t-il, comme dans les années 1970-1980, une droite Sarkozy-Bayrou-Dupont-Aignan-Le Pen, à une gauche Hollande-Mélenchon-Joly-Poutou-Arthaud-Cheminade (puisque ce dernier a appelé à voter Hollande au deuxième tour) ? Chacun est à même de constater que, si on peut envisager un rassemblement de gauche, sur cette base, le rassemblement dit de droite est fortement improbable. Pourquoi ?

    Tout simplement parce que, sur dix candidats, huit sont favorables, chacun avec leur vocabulaire, à la mondialisation et à l’Union européenne. Bien évidemment, Sarkozy parlera de mondialisation libérale de l’économie, alors que Mélenchon et Hollande parleront d’internationalisme, et qu’Éva Joly parlera de citoyens du monde. Mais ils partagent tous le même projet politique, vis-à-vis des Etats-nations, qui, pour eux, ne doivent plus exister. Bien évidemment, Sarkozy-Hollande-Joly ont été favorables à la ratification de Lisbonne, et militent ouvertement pour une Europe fédérale, projet que Mélenchon-Poutou-Arthaud ne combattent que sur la forme, eux qui veulent « une autre Europe, pas celle-là », et « une autre mondialisation, pas celle-là ! ».

    Alors, cette campagne oppose-t-elle, comme essaie de nous le faire croire Mélenchon, la démocratie, incarnée par la gauche, au fascisme, représenté, selon lui, par Marine Le Pen, encouragée par Nicolas Sarkozy ? Sommes-nous encore dans les années 1930, où les organisations ouvrières étaient attaquées par ceux qu’on appelait les « supplétifs du grand capital ». N’en déplaise au candidat de Front de Gauche, nous n’avons pas, à notre connaissance, été témoins d’agressions de militants de gauche de la part des militants du Front National, ni dans cette campagne, ni depuis des années. Par contre, nous avons constaté des agressions physiques, des nombreuses provocations et des insultes répétées contre essentiellement la candidate du Front national, une fois contre Nicolas Dupont-Aignan, devant l’ambassade de Grèce, et parfois contre Nicolas Sarkozy. Le fascisme des années 2010 ressemble à ces militants gauchistes, soutenus par l’ensemble de la gauche, qui agressent physiquement quiconque se réclame de la défense de la Nation. Et, ne déplaise encore à Mélenchon, le fascisme, en 2012, nous parait avoir davantage le visage de Merah ou de Qaradawi, et de ceux qui se reconnaissent en eux – sans susciter la moindre réaction de la gauche dite anti-fasciste – que celui des Identitaires ou du Front national, comme le clament sur les antennes toutes les Pulvar de France et de Navarre.

    Certains Français, de manière presque religieuse, votent à droite, ou à gauche, par tradition familiale, voire par fidélité à ce qu’ils considèrent leur camp. Nous respectons leur choix, tout en défendant que, selon nous, ce clivage n’est plus opérant. Il se situe entre mondialistes et patriotes, entre ceux qui pensent que l’Union européenne et la mondialisation sont aujourd’hui indépassables et indispensables, et ceux qui pensent que le retour à la souveraineté nationale est la seule chance des Français pour sauver leur modèle social.

    Certes, il y a des nuances entre Sarkozy et Mélenchon, en passant par Hollande, Bayrou et Éva Joly, mais sur le fond, ils partagent le même projet de société, auquel s’opposent les seuls Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen.

    C’est ce débat qu’une élection présidentielle rend incontournable, durant plusieurs mois, tous les cinq ans, au grand dam d’un Cohn-Bendit. Les Français peuvent enfin entendre autre chose que la fable de la mondialisation heureuse, de l’Europe qui sauve les peuples, de l’euro qui protège l’épargne des petits, de l’immigration chance pour la France, et de l’islam religion de paix et d’amour que la dictature du politiquement correct, via ses journalistes aux ordres et ses élus UMP-PS-Verts-Modem, assènent quotidiennement aux citoyens, pour mieux les anémier. C’est cette autre parole, cette alternative patriote, qu’ils veulent étouffer par tous les moyens, qui « emmerde » vraiment Cohn-Bendit et les siens


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