• l'Affaire Robert Chardon devient une Affaire d'Etat

    Robert Chardon a-t-il été interné de force ?
    On n’ose imaginer un seul instant que la République qui se réclame de ces droits de l’homme issus de l’habeas corpus britannique de 1679 en soit réduite à employer des méthodes de monarque absolu...
     
    Satiriste polémiste

    Boulevard Voltaire, comme d’autres médias indépendants, a déjà évoqué l’affaire Robert Chardon, ce maire UMP de la ville de Venelles dans les Bouches-du-Rhône, qui s’est fendu d’un tweet demandant à Nicolas Sarkozy de réfléchir à une interdiction de l’islam en France, demande qui lui a valu une suspension immédiate du mouvement.

    Beaucoup se sont émus de cette éviction. Pourtant, une telle décision n’a rien de surprenant, compte tenu de la panique qui s’empare des appareils politiques dès qu’il est question de l’islam ou de l’immigration. Il y a fort à parier qu’il eût été également exclu du FN pour le même motif s’il en avait été adhérent. Certes, chacun sait aussi qu’un maire socialiste qui eût réclamé l’interdiction du catholicisme n’aurait pas été sanctionné, mais plus personne ne s’étonne de ce deux poids deux mesures. Non, le scandale ne tient pas au sort politique de Robert Chardon, il tient à son sort personnel. À ce sujet, nous sommes dans une inquiétante confusion.

    Une première information donnée par le quotidien La Provence le 15 mai assurait que Robert Chardon aurait en effet été « interné d’office à la demande d’un tiers en raison de l’incohérence de ses propos ». Les propos en question, cités expressément par le journal et par nombre de médias nationaux, étaient du type : « Je supprime la loi de 1905 et proclame que la République favorise la pratique de la foi chrétienne. »Constatant que nombre de commentateurs soutenaient sa provocation, les journaux qui avaient relayé l’information de son internement pour islamophobie sans sourciller ont ensuite observé un blackout complet.

    L’Affaire a cependant fait réagir bien au-delà de nos frontières et l’imprudent Robert Chardon a eu les honneurs du Welt en Allemagne, du Independent en Grande-Bretagne et même du Times of India. À croire que son propos a réveillé un puissant désir refoulé. Les réseaux sociaux sont également en alerte depuis quatre jours, ce qui rend le silence des médias français d’autant plus étrange, voire très inquiétant.

    Inquiétant tout d’abord parce que la nouvelle de l’internement forcé d’un élu sur le motif d’un simple tweet dérangeant, nouvelle qui a tenu pendant plusieurs jours de version officielle, aurait dû susciter un immense bruit au pays des droits de l’homme et des Charlie autoproclamés. Ce type de méthode était pratiquée en Russie à l’époque soviétique, mais sous Poutine, de tels abus de pouvoir ne se produisent plus. C’est une méthode de régime totalitaire, ni plus ni moins.

    Les officiels en ont, semble-t-il, pris conscience et ont légèrement rétropédalé : d’après le sous-préfet d’Aix, Robert Chardon aurait en réalité été interné dans le cadre des soins qu’il subit depuis quelques semaines et non pas en raison de ses propos. Le problème, c’est que Robert Chardon est soigné pour un cancer de la bouche, lequel n’est généralement pas traité dans les hôpitaux psychiatriques et que l’on ne voit pas bien ce que le sous-préfet, représentant du ministre de l’Intérieur, vient faire dans ce dossier médical.

    Sans doute est-il encore trop tôt pour s’alarmer et l’on n’ose imaginer un seul instant que la République qui se réclame de ces droits de l’homme issus de l’habeas corpus britannique de 1679 en soit réduite à employer des méthodes de monarque absolu, en l’occurrence la méthode des lettres de cachet, les cachets chimiques en sus.

    Pour rassurer ceux qui s’inquiètent de son sort et qui craignent que l’on soit en train de soigner l’élu de sorte que ses propos deviennent réellement incohérents, le mieux serait simplement de le présenter au public, libre de ses mouvements et de ses paroles et dans l’état où il se trouvait jeudi soir, la dernière fois qu’il s’est entretenu par téléphone avec un journaliste.


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