• Et une quenelle , une !

    « Humoriste », Dieudonné ? Pas plus, et peut-être même moins encore que le tout juste retraité Guy Bedos ou que Mélenchon le bateleur.

    « Humoriste », Dieudonné ? Pas plus, et peut-être même moins encore que le tout juste retraité Guy Bedos ou que Mélenchon le bateleur. Si les médias, qui ont la manie de coller des étiquettes sur les personnes, continuent par paresse ou par routine à qualifier ainsi celui qui, dans les années 1990, fut avec succès le partenaire comique d’Élie Semoun, il y a belle lurette que M. Dieudonné M’Bala M’Bala, tour à tour showman et tête de liste « antisioniste », utilise indifféremment la scène et les préaux d’école comme tremplin de ses idées, de ses obsessions, de ses haines, et que le spectacle n’est pour lui que la continuation de la politique par d’autres moyens.

    Aussi bien M. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, comme nul ne peut l’ignorer (au fait, qu’est devenu le titre sympathique de ministre des Libertés locales, qui fut un temps porté par le locataire de la Place Beauvau ?), n’a-t-il pas entièrement tort de parler, à propos des prestations de l’inventeur breveté de la « quenelle », de « réunions publiques ». De là à déclarer qu’il étudie activement « toutes les voies juridiques pour interdire » ces réunions « qui n’appartiennent plus à la dimension créative mais contribuent à accroître les risques de troubles à l’ordre public », il y a un grand pas que franchit allègrement le premier flic de France, celui qui sépare sa mission légitime de protection des libertés individuelles et de la sécurité publique et l’arbitraire d’une répression politique qui n’ose pas dire son nom.

    Certes, le ministre prend bien garde de rappeler que « l’interdiction doit rester l’exception, mais… » tout comme certains déclarent : « Je ne suis pas raciste, mais… » Cet exorde est souvent considéré à juste titre comme un aveu implicite de racisme. Le propos de Manuel Valls est d’un homme qui a déjà tranché en faveur de l’interdiction.

    Or, celle-ci apparaît totalement injustifiée. Personne – Dieu merci – n’est obligé d’apprécier l’humour noir de M. Dieudonné. N’assistent à ses représentations que ceux qui le souhaitent, et aucune de ces représentations, au Théâtre de la Main d’Or, n’a jusqu’à présent donné lieu au moindre incident.

    Mais, plaide le ministre, la récente expédition punitive menée à Lyon par six activistes juifs contre des adeptes – par eux identifiés – de la fameuse quenelle montre bien que des incidents semblables pourraient se produire à tout moment. Cet argument n’est pas faux, mais il est captieux. Lorsqu’il y a menace de troubles à l’ordre public – et c’est effectivement le cas –, le devoir des forces de l’ordre est-il d’empêcher ces menaces de se concrétiser et de mettre leurs auteurs hors d’état de nuire ou de leur donner raison en prenant parti contre leur cible ? Un ministre de l’Intérieur impartial et rigoureux devrait, au contraire, faire savoir à la lumière des incidents de Lyon qu’il a pris les mesures nécessaires pour protéger les spectacles de Dieudonné.

    Ledit Dieudonné, d’autre part, n’en est pas moins coupable de propos intolérables, inacceptables, littéralement immondes, qui lui ont déjà valu plusieurs condamnations. Il fait de nouveau l’objet d’une plainte pour avoir – que d’humour ! – regretté que les chambres à gaz ne nous aient pas débarrassé de Patrick Cohen. Le sectarisme du journaliste de France Inter, qui n’a pas craint de développer à plusieurs reprises sa conception partisane du service public de l’information, ne saurait justifier une telle ignominie. La loi met entre les mains des juges les armes qui leur permettent de punir ces incitations à la haine. Elle n’autorise pas les pouvoirs publics à aller au-delà de ses dispositions et à ajouter une censure politique à la sanction judiciaire. Manuel Valls, en l’espèce, fait à Dieudonné une mauvaise quenelle


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