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    Pour en finir avec le fédéralisme, le régionalisme et autres impasses : Le Quatrième Emsav (Par Boris Le Lay)

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    BREIZATAO – PENNADSTUR (05/04/2015) La fédéralisation de la France après laquelle soupirent une petite fraction régionaliste, chez nous, est un mirage incapacitant qui n’a aucune espèce de contenu politique tangible. Elle repose, paradoxalement, sur un raisonnement jacobin, celui d’une France uniformément demandeuse de fédéralisme. Un mirage dont il faut faire litière pour que la nation bretonne trace sa propre voie politique.

    L’impasse fédéraliste

    Il est une chose régulièrement entendue, c’est le serpent de mer de “l’union des minorités nationales de France” pour faire plier l’état central dès lors que l’intérêt breton est en jeu. Mais de quoi parle-t-on ? La Corse ne compte que 250 000 habitants dont la moitié de continentaux. Sa nature insulaire et remuante la distingue absolument de l’Hexagone en tant que tel. La Corse est une nation historique, à la différence des autres minorités habituellement citées, exception faite de la région Bretagne.

    En France même, les tenants du rêve éveillé fédéraliste présente le mirage occitan comme une réalité solide. Cette réalité repose sur une moitié de la France. A-t-on jamais vu de sentiment occitan recouvrir une réalité politique, hier ou aujourd’hui, dans cette vaste zone géographique à l’image de la Ligue du Nord en Italie ? Non. Ajoutons-y le folklore marxiste voire maoïste dans lequel se complaisent les rares militants de “l’occitanisme” – centrés sur Toulouse la rouge – et nous constatons que l’Occitanie est peut-être un sujet, mais certainement pas un objet.

    La Catalogne française, étroite bande de terre avec Perpignan pour capitale, ne connait aucune agitation politique notoire, malgré la puissance du nationalisme catalan d’Espagne. Le Pays Basque Nord ? Un demi-département. La Flandre française ? La moitié du département du Nord, centré sur Dunkerque, où le FN – parti ultra jacobin – affronte le Parti Socialiste Français, garant du continuum socialisant franco-wallon dans le secteur. Malgré la puissance de la Flandre belge, comme en Catalogne, rien n’y transparaît.

    L’Alsace a somme toute plus de vigueur. Au plan linguistique, elle est la région la plus dynamique, bien loin devant une région Bretagne totalement indifférente à son propre sort comme à sa propre personnalité. Economiquement, sa proximité avec l’Allemagne et le Benelux mais aussi la Suisse, lui offre des alternatives qu’elle expérimente chaque jour. Pourtant, la révoltante “réforme territoriale” l’a rayée de la carte politique au mépris des droits élémentaires du peuple alsacien. Cela n’a suscité que des protestations modérées, absolument pas traduites par une percée autonomiste. Là, comme ailleurs, l’Alsace comme peuple est un nain politique. Ajoutons-y l’immigration de peuplement allogène qui réduit chaque jour qui passe son caractère germanique, en plus de la francisation d’état, et nous avons là une région qui, factuellement, n’existe plus.

    Le “régionalisme normand” est une douce plaisanterie. C’est parce que la Normandie n’est pas régionaliste ni dotée d’un socle identitaire puissant, que l’état central l’a réunifiée récemment.

    Le fédéralisme chez ses rares supporters bretons, repose donc sur une interprétation bretonne de la réalité française. Mettre sur le même plan la région “Centre” ou “Bourgogne” et la Bretagne et la Corse, c’est ne rien comprendre aux premières comme aux secondes. La réalité est simple, lorsque l’on cumule les populations membres de minorités ethniques au sens strict, c’est de 6 millions de personnes que l’on parle. 6 millions sur 65. Fédéraliser l’Etat Français en tenant pour acquis que 59 millions de Français aspirent aux mêmes évolutions politiques et culturelles que les 6 millions précités relève de la fiction.

    Le régionalisme induit l’idée d’un processus systématique et global, à l’échelle de l’Hexagone, alors que la réalité bretonne – nationale – n’a rien en commun avec une Occitanie sans substance, ou la Champagne qui est parfaitement dépourvue d’aspiration identitaire régionale ou “provinciale”.

    A cet titre, le régionalisme chez nous ne constitue qu’une insignifiante réaction alors que depuis un siècle nous avons franchi le cap du nationalisme, cap incarné par l’Emsav, le mouvement national. Cette réaction repose sur un dramatique recul historique en faisant de notre nation une simple subdivision d’un ensemble plus grand, une région de France, dans l’espoir de s’associer à d’autres entités régionales qui par ailleurs n’ont aucune substance identitaire et n’aspirent absolument pas à se dresser contre l’état central. Erreur d’analyse, erreur politique.

    Le nationalisme breton, précédent historique

    Ceci nous pousse à rappeler une évidence que les réactionnaires et les naïfs insignifiants du régionalisme à la sauce locale feignent d’ignorer. C’est bien seuls, dans une évolution différenciée, que les Bretons doivent s’engager. Est-ce seulement bien sérieux de prétendre fédéraliser la France quand le pouvoir central refuse le simple transfert d’un département vers une région administrative, comme dans le cas de la Loire-Atlantique ?

    Les Bretons n’ont pas vocation à réformer la France pour l’aménager selon leur convenance. En lieu et place, ils doivent agir à l’image d’autres nations, très avancées sur le chemin de l’indépendance, en l’occurrence la Kanakie ou la Polynésie. Ces peuples n’ont pas jugé utile de s’enquérir de notre opinion pour passer à l’action. Aussi, seul le statut politico-administratif de notre peuple importe, sans se soucier de ce qui se fait ailleurs. Une fois l’objectif clarifié, c’est l’atteinte de celui-ci qui compte.

    Il est évidemment nécessaire de rappeler que la rupture opérée en 1911 avec la création du Parti Nationaliste Breton, confirmé en 1931 avec l’émergence du PNB – qui mena d’ailleurs à la fin de l’insignifiant fédéralisme de gauche – est une rupture définitive sur le plan de la conscience historique de notre nation. Végétant après 1944 dans les actions dispersées, non conceptualisées, évoluant dans le sentimentalisme par tâtonnements, les Bretons ont abandonné l’Emsav pour ne plus renouer avec lui formellement à l’occasion de l’apparition du FLB puis de Strollad Ar Vro. Adsav, scission ou, peut-être plus exactement, renouvellement du POBL, avait en son temps posé les jalons du renouvellement du nationalisme breton en réactualisant les solutions politiques à l’aune des nouvelles questions posées au peuple breton. Mais au plan pratique, les erreurs ont ruiné l’effort.

    Le Quatrième Emsav

    S’il devait être question d’un Quatrième Emsav, celui-ci serait lié, par nécessité, aux évolutions européennes et mondiales auxquelles on assiste : fin du millénarisme progressiste, rupture avec la modernité politique issue du Siècle des Lumières, émergence des blocs de civilisation contestant le modèle anti-identitaire de la démocratie socialiste occidentale. Recherchant par nécessité un retour aux fondements de son identité, romantisme culturel celtique et refondation spirituelle seraient deux aspirations fondamentales de ce Quatrième Emsav réellement et complètement lancé dans la volonté restauratrice. La question de l’état national comme de la refondation de l’ordre social selon le traditionalisme celtique serait ses objectifs. Et non plus de simplement singer le stato-nationalisme du XIXème et XXème siècle en Europe et dans le monde, à la suite de la révolution française et de la contre-révolution allemande.

    Par évidence, cette prise de conscience et cette reformulation de l’être breton au plan spirituel, culturel et politique suppose aussi de détruire la pollution idéologique française qu’est l’égalitarisme, le contractualisme social et l’antiracisme républicains. Ceci à un moment où la menace islamique pèse sur le destin de notre pays.

    Pour ces raisons, les vieilles formules réactionnaires du régionalisme, qui retardaient déjà dans les années 30, n’existent encore aujourd’hui que par phénomène d’entraînement, dans le sillage du républicanisme français. Le fait est que l’Emsav, après la disparition du FLB, a disparu pour ne laisser place qu’à la régression insignifiante du régionalisme, régionalisme qui chez nous a toujours signifié un recul tant de la conscience nationale que des gains politiques. Ceci se comprend parfaitement au plan dialectique.

    Une nouvelle solution politique

    Très concrètement, notre pays demeure un nain politique car il ne dispose toujours pas de son front politique national. Sans front politique, pas de lutte. Aussi, ce sont les actions éparses et anarchiques qui se succèdent, sans plan d’ensemble ni compréhension du fait national. L’on évoque la réaction de Christian Troadec. Certes, cela change du clivage franco-français du centre-droit – tout aussi socialiste que son opposition – et du centre-gauche parisiens. Mais cela ne répond pas à l’évolution qualitative et historique dont notre peuple a besoin. Bref, c’est le statu quo et la dépolitisation.

    Il faut aussi songer à de nombreuses questions, fondamentales, de rupture avec le “faux nationalisme” mais provincialisme d’Ancien Régime qui consiste à penser l’avenir de notre pays comme une simple projection de l’antique duché, faisant fi des acquis dialectiques du nationalisme. Il est certain, à cet égard, que la géopolitique interne de notre pays nécessite de définir des polarités de civilisation et donc une proposition nationale qui replace notre nation sur les rails de son génie celtique, contre l’influence franco-parisienne chez nous, influence qui, par obligation, passe par la disparition dans le métissage culturel, roman d’abord, afro-musulman désormais.

    Le coeur spirituel et culturel du pays se situe à l’Ouest, comme porte du monde celtique. A ce titre – rappelons-le – Rennes et Nantes sont explicitement des pôles à contenir et subjuguer et non à renforcer. Le fait macro-urbain étant par construction en opposition avec l’âme bretonne. Agiter des chiffres de production économique ne répond pas à la crise de civilisation que nous affrontons. Gardons-nous de raisonner en termes non-dynamiques, de penser notre territoire et notre réalité ethnique avec des cartes d’Ancien Régime. Le peuplement africain de Rennes, Brest ou Nantes font de ces villes, de plus en plus, des poches étrangères chez nous et non pas des parts de ce que nous sommes.

    Soulignons d’ailleurs à quel point la question de la réunification constitue au moins autant un frein qu’un facteur de mobilisation. Les tenants de celle-ci le font souvent en tant que défenseurs du provincialisme d’Ancien Régime qui n’a absolument rien à voir avec la révolution nationaliste qu’est l’Emsav. La réaction régionaliste qu’elle soit de droite en chantant les mérites d’Anne de Bretagne, ou de gauche en réduisant l’homme breton à un sous-produit de la révolution française et marxiste, sont les deux faces d’une même régression.

    Aujourd’hui, la priorité n’est pas Nantes. C’est d’une part d’accroître l’intégration de la région administrative avec la suppression des départements et des préfectures et le transfert effectif des pouvoirs qui leur sont dévolus vers l’exécutif régional. C’est aussi, en parallèle, une révolution linguistique et culturelle, avec un vaste programme de receltisation des masses bretonnes. Enfin, et là le sujet est particulier, c’est la renaissance spirituelle de notre peuple.

    Soyons clairs : la priorité absolue est à la scolarisation massive des petits Bretons en langue bretonne. Pas de réintégrer Nantes. Ce qui importe, c’est de sauver la conscience nationale qui est le corollaire presque systématique de la bretonnisation linguistique de notre peuple. Il est évident que la question géographique de la réunification constitue, pour les Bretons provinciaux, le moyen de s’offrir un demi-nationalisme sans effort. Est-il surprenant que ce soient les Bretons de l’immigration, singulièrement parisienne, qui continuent de prendre en otage la lutte d’indépendance avec ces thèmes folkloriques incapacitants ? Ces personnes, par ailleurs totalement intégrées au sein des élites françaises, s’achètent une conscience bretonne à peu de frais.

    Le nationalisme comme politique n’a pas vocation à se subordonner à l’impasse ethnopsychiatrique de ces Bretons francisés en quête d’identité. Qu’on me permette ce mot : notre combat n’agit pas dans les limites fixées par Patrick Poivre d’Arvor.

    Le chantier est vaste, mais si déjà une formation politique bretonne formulait une doctrine sur les bases énoncées ici, nous opérerions une rupture essentielle et salutaire. Toujours l’Emsav a été une avant-garde nationaliste, c’est sa fonction.

    Oser la violence psychologique

    L’échec des Bonnets Rouges, que j’avais annoncé dès novembre 2013, a été le fruit de l’absence d’une avant-garde politique capable de structurer une impulsion populaire inconsciente en lutte politique consciente. Comme de juste, ce qu’un Troadec fait, un Troadec le défait, aliénation identitaire et politique oblige. Ceci n’étant d’ailleurs pas un grief particulier mais un constat.

    Pour ma part, j’ai toujours jugé utile d’être particulièrement violent avec les Bretons car leur léthargie nécessite pour ainsi dire de violer leur bonne conscience d’airain. Qu’on ne s’étonne pas que de cette masse conformiste et bêlante sortent toujours des caractères rebelles et trempés : la race bretonne est rétive au changement comme à l’autocritique, elle ne tolère pas l’originalité, tribalisme mimétique oblige. L’esprit divergeant doit toujours s’affronter avec les prêtres du légitimisme ambiant. Le Breton est profond mais il souffre d’un manque de fluidité intellectuelle. Face à la glaciation psychologique qui est la sienne, la gentillesse ne paie pas.

    Au reste le Breton respecte l’autorité à la condition qu’elle respecte sa dignité. Ce qui hélas en fait un peuple aisé à tromper pour une race cynique et calculatrice. Nous ne sortirons pas le peuple breton de son sommeil sans exciter à outrance, par des moyens dont nous ne parlerons pas ici, ses qualités essentielles. Que les Bretons se dotent d’un surmoi stato-national, pyramidal et mobilisateur, martial et spirituel, et nous le verrons transfiguré. D’une race plaintive et féminine, surgira l’ours imperturbable, jaloux de ses droits.

    La question bretonne se subordonne à la question de l’homme breton. Que l’on refasse de l’homme breton un homme, qu’on lui redonne le monopole du pouvoir, pratique et psychologique, et il se relèvera. Plus exactement, son redressement sera la conséquence de la fin de sa castration.

    About the Author

     - Boris Le Lay est éditorialiste pour BREIZ ATAO. L'Etat Français a lancé un mandat d'arrêt contre lui pour avoir dénoncé l'invasion de l'Europe par les masses afro-musulmanes.


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