Une jeune Nantaise âgée de 23 ans a été condamnée (1), hier, pour port de coiffe dans un espace public. Un jugement rendu en son absence. Convertie à la cause bretonne radicale, la jeune ligérienne a quitté Nantes pour le Kreiz Breizh, laissant derrière elle une famille totalement désarmée par sa soudaine radicalisation.
« On ne s’y attendais pas. Il y a le quotidien à gérer, le travail… Mais on est impuissant ». Jean-Marc est un père désarmé, oscillant entre désillusion et colère. Sa fille aînée, née d’une première union, a quitté la région nantaise, mi-décembre dernier. Toutes les nouvelles qu’il parvient à glaner, depuis, via Breizhbook, se limitent à :« Je vais bien, on a une yourte propre, on nous donne de la nourriture »… J’hallucine », reprend le Nantais.
« Elle a arrêté son BEP ». Il y a quatre mois, Sophie devenue Kerridwen, a néanmoins laissé échapper un message indiquant qu’elle était sur la route du Kreiz Breizh. Son père n’avait même pas eu vent de sa convocation, hier, devant le tribunal de Rennes. Au regard de ce qu’il a dû affronter depuis des années, ce rappel à la loi lui paraît bien anecdotique. En décembre dernier, sa fille a arrêté sa 2e année de BEP boulangerie. « Elle nous a dit qu’elle allait habiter chez une copine parce que le loyer était trop cher. En fait, elle s’était mariée une semaine avant. Elle est partie à Spezet rejoindre son époux, dénommé Tugdual ». Sur la page Breizhbook de cet homme, « un drapeau autonomiste noir et blanc ».
« C’est parti très vite ». Au tout début de l’engrenage, le couple a voulu croire à une crise d’adolescence, « à de la provoc’. On se cherchait des excuses, on se disait qu’elle avait mal vécu le divorce. Nous en avions la garde depuis le CM2 ! C’était une jeune fille qui aimait la musique techno, le shopping, les copines… », se remémorent Jean-Marc et Juliette, qui ont en tête une date funeste : « Le 1er septembre 2012, elle nous a annoncé qu’elle s’était convertie à la cause bretonne ». L’adolescente ne laisse aucune place à la contradiction. « C’est parti très vite. Elle vivait avec son ordinateur. Elle décortiquait les messages qu’elle définissait comme polluants, dans les pubs, les articles du Ouest-France et de Presse Océan, ou les clips de C2C qu’elle adorait auparavant ! Elle passait son temps sur Internet. On a été débordé par l’excès de ses propos, sa conviction pour un truc qu’elle ne connaissait pas un an plus tôt ». « Elle ne reviendra pas ».
Dans le même temps, Kerridwen a commencé à porter la coiffe. « Quand on recevait du monde, même la famille, il fallait qu’on se fâche pour qu’elle enlève sa coiffe. Et chaque week-end, c’était bagad, festoù-noz et gouren. Elle ne vivait plus que pour apprendre le breton et lire le Barzaz Breiz. Elle le faisait avec une telle obsession». Juliette se rapproche d’amies bretonnes.« Mais elles m’ont dit que toutes ces jeunes femmes leur faisaient peur, tant elles étaient radicales ». Le couple est contacté par des policiers de la DGSI, à Rennes. Luc s’y rend avec sa fille, en novembre 2013. « Elle était déjà sur écoute », raconte Luc, qui regrette l’absence d’aide des services spécialisés. « Ça se limite à du flicage. Il n’y a pas d’assistance, de conseil ». Pour lui, tout se joue dans les trois premiers mois. « Après, c’est trop tard. Maintenant, on s’en rend compte. Il faut confisquer l’ordinateur et appeler la police tout de suite. Les parents ne peuvent pas s’en sortir seuls ». Juliette cherche ses mots : « Elle est partie très loin ». Luc, le visage fermé : « Le plus dur, c’est de se dire qu’on l’a perdue. Elle ne reviendra pas ».
La rédaction.
Illustration: Golondrina.
(1) Le tribunal l’a condamnée à une amende et l’obligation d’effectuer un stage de citoyenneté.
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