Les Français sont champions, champions du pessimisme. Un sondage de Gallup International leur avait décerné le titre mondial en 2011, IPSOS le trophée européen en avril 2013. 97 % des ménages voyaient l’avenir en noir, 3 % de plus que les Espagnols ! 72 % pensaient que leurs enfants vivraient moins bien qu’eux. En décembre, malgré une remontée, il y avait toujours 7 Français sur 10 et 82 % des patrons à ne pas voir l’avenir avec confiance : sale temps pour la consommation et l’investissement. Et 50 % des jeunes nés après 1980 seraient prêts à quitter le pays !
Pourquoi cette exception française ? Les causes sont faciles à déceler : on pointe du doigt le climat dépressif, décourageant pour l’initiative et la réussite. Il est clair que lorsque la France se regarde dans un miroir, elle ne se reconnaît plus. On lui avait dit qu’elle était à nulle autre pareille. Son histoire, sa culture, son art de vivre faisaient envie au monde entier. À lire la presse étrangère, l’illusion se dissipe. Le pays change d’image, perd son identité, ne maîtrise plus son avenir. Des espaces de non-droit s’y creusent. L’insécurité et la violence progressent. Les inégalités deviennent insupportables. La famille vole en éclats. Le changement de population s’accentue.
Mais si le constat est accablant, les remèdes semblent manquer. Souvent même, il arrive que la guérison soit attendue de ce qui a engendré le mal. Beaucoup de Français veulent encore plus de protection, d’État-providence, d’emplois publics. Les politiciens, par démagogie et crainte d’un mécontentement qui mettrait en péril leur pouvoir et leurs privilèges, répugnent aux réformes. La France est prisonnière. Cette URSS qui avait réussi – selon Jacques Lesourne –, avec ses 56 % de dépenses publiques, sa fiscalité délirante, sa fonction publique pléthorique et surprotégée, a du mal à comprendre que ce qui met une partie de ses habitants à l’abri de la crise est aussi ce qui la condamne à la médiocrité, à l’absence de rebond, au long sommeil dont on ne se réveille plus.
Les chaînes qui l’entravent sont politiques. Il y a la médiocrité du personnel, faisant carrière dans un sérail à l’abri de la vraie vie. On y trouve une gauche obsédée par ses marottes idéologiques suicidaires pour le pays. On y voit une « droite » dénuée de valeurs mais assoiffée d’ambitions et toujours à l’affût des idées d’en face pour ne pas louper les modes du microcosme médiatique parisien, sa légèreté et son esprit soixante-huitard attardé. Bandelettée par une législation qui, sous la risée du monde entier, a fait du travail – et du profit plus encore – des horreurs économiques, de la richesse, un crime inexpiable, muselée par des commissaires politiques qui lui interdisent de défendre son identité, d’être fière de son histoire, paralysée par des bureaucraties superposées qui, de la commune au « machin » bruxellois, la taxent, la réglementent, la contrôlent, sans cesser de changer les règles du jeu, la France étouffe sous un État obèse et ruineux qui ne protège pas ses frontières, n’assure pas sa sécurité, réprime sa liberté de penser et accorde parfois à des étrangers des prestations dont tous les Français ne bénéficient pas.
Il est temps de redonner à la France le goût de la liberté et celui de la confiance, la liberté de penser, d’inventer, d’entreprendre, de réussir et aussi d’échouer avec le droit d’essayer à nouveau. Bien sûr, un changement de climat pareil, avec des réformes décisives, comme le Référendum d’initiative populaire, par exemple, c’est plutôt une révolution. C’est une ardente exigence de lui en ouvrir le chemin.